Les malvenus – Audrey Brière

Audrey Brière est une écrivaine française, diplômée d’une Maîtrise de Science Politique du College of Charleston, Caroline du Sud, Etats-Unis (2007) et d’une Licence de Science Politique à l’Université de Versailles-Saint-Quentin en Yvelines (2006). Titulaire d’un MBA Spécialisé Digital Marketing & Business (2022-2023), Audrey Brière est responsable marketing projets & opérationnel à la Beauty Tech depuis 2013.

1917. Alors que la Première Guerre mondiale fait rage, un homme est retrouvé mort dans une cave du village de Haut-de-Cœur, en Bourgogne. Pas mort d’un excès de froid, de faim ou de vin, comme d’autres, mais proprement égorgé.

Ici, bon nombre des habitants ont grandi sans autre père et mère que les religieuses du majestueux couvent des Ursulines. C’est le cas de l’inspecteur de police Matthias Lavau : recueilli tout petit par le couvent, il est parti faire ses armes à Paris et à Lyon avant de finalement rentrer au bercail.

Son talent ? Il se souvient de tout, tout le temps. Une mémoire parfois lourde à supporter, mais dans ses enquêtes, un atout précieux.

La victime aussi est un ancien des Ursulines : Thomas Sorel, bien connu dans les alentours, et presque unanimement détesté… C’est le bras armé du très redouté maire. Beaucoup ont souhaité sa mort, pour des raisons valables, le plus souvent.

Avec Les malvenus, Audrey Brière nous propose un roman noir au coeur de la première guerre mondiale. Dans l’atmosphère crépusculaire de l’hiver interminable qui s’est abattu sur la région, Matthias et son assistante Esther vont devoir démêler les racines du Mal, entrelacées depuis des décennies et profondément plantées dans les passions, les vices et les secrets de Haut-de-Cœur.

Il y a beaucoup de choses que j’ai aimées dans ce polar historique bien écrit et documenté. A commencer par l’atmosphère de ce début du siècle que j’ai trouvé particulièrement réussie. Nous sommes parfaitement transportés dans cet autre espace-temps grâce aux descriptions de l’auteure.

J’ai aimé cette ambiance un peu lugubre, lourde, pesante avec le sentiment que ce village de Haut-de-Cœur était isolé et sans aucun lien avec l’extérieur. La construction de l’autrice est aussi très bien réalisée. On découvre par flashbacks le passé de chaque protagoniste et l’on s’aperçoit que tous avaient de très bonnes raisons de tuer la victime qu’ils connaissaient depuis leur plus tendre enfance.

Il faut dire que Thomas Sorel, homme de main du maire et de son beau-père, est tout bonnement détestable et que la façon dont il termine sa pauvre vie ne surprend pas vraiment personne.

Bien que l’action se passe durant la Première Guerre mondiale, sachez que ce n’est pas le gros du sujet, cet ancrage historique sert surtout à enrichir, de façon épisodique, l’intrigue. En revanche, ce choix temporel nous permet de prendre connaissance des prémices de la science au service de la résolution d’enquêtes criminelles et c’est passionnant.

Mathias et Esther, restent très énigmatiques tout au long de l’intrigue mais ils ont une véritable profondeur et c’est très bien vu de la part de l’autrice. On ne s’attache pas réellement à eux même si on reste empathique face à ce qu’ils ont vécu, face à leurs traumatismes, mais ils se révèlent très intéressants.

L’intrigue est sombre, difficile, et nous ne sommes pas épargnés face à la souffrance qui étreint les différents protagonistes de l’histoire mais Audrey Brière nous y invite en douceur. Elle arrive à diffuser la compassion à travers ses mots, à instaurer de la douceur et de la pudeur pour nous parler de ces actes ignobles. Elle nous préserve de cette vérité jusqu’aux révélations en cascades, particulièrement glaçantes !

En bref, un excellent premier roman que j’ai lu quasiment d’une traite tant je l’ai trouvé addictif et passionnant, je vous le recommande !