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Le don de Rachel – Anne-Caroline Pandolfo & Terkel Risbjerg

Après une licence de lettres et des études aux Arts décoratifs de Strasbourg, Anne-Caroline Pandolfo consacre son temps à l’illustration et à l’écriture. Elle signe des albums jeunesse en solo et plusieurs romans graphiques en duo avec l’illustrateur danois Terkel Risbjerg : L’Astragale, Le Roi des scarabées, La Lionne, Serena (Sarbacane), Perceval (Le Lombard) et, en 2019, Enferme-moi si tu peux et Le Don de Rachel (Casterman).

Paris, 1848. Rachel Archer a un regard envoûtant et depuis toujours un don. Elle peut lire. Lire à travers le temps, les lieux, les gens et leurs histoires. Les yeux bandés, elle démontre son don sur les scènes de Paris et bientôt la capitale bruisse de son nom. La famille impériale la consulte, le beau monde suit le mouvement.

Elle rêve de provoquer chez ses semblables une ouverture vers de nouveaux horizons. Sorcière pour les uns qui la vouent aux gémonies, phénomène de foire pour les autres, elle s’épuise et peine à trouver sa place. Un jour, elle disparaît sans laisser de traces…

Près d’un siècle et demi plus tard, Liv, metteure en scène danoise de théâtre, et Virginia, photographe anglaise, croisent le chemin de Rachel au coeur de leur démarche artistique. Rachel aurait-elle enfin trouvé sa voie par le biais d’une sororité créative défiant les lois de la raison ?

Le don de Rachel est le nouveau graphique du duo Anne-Caroline Pandolfo au scénario et Terkel Risbjerg aux dessins que j’avais découvert avec La lionne, biographie graphique consacrée à la romancière danoise Karen Blixen.

Trois femmes reliées par un daguerréotype. Trois lieux. Trois époques. Trois destins de femmes. Cela ne vous rappelle pas Les heures de Michaël Cunningham ? J’avais beaucoup aimé ce roman qui mettait en scène Virginia Woolf, la mère de l’auteur et une éditrice.

Je ressors nettement plus mitigée de ce roman graphique. Car si j’ai adoré la partie historique de l’ouvrage consacrée à la voyante Rachel, une femme que j’ai trouvé absolument fascinante dans ce Paris du règne de Louis-Philippe, dans ce siècle qui a tellement aimé le spiritisme, je n’ai guère goûté la partie contemporaine.

Une femme incomprise, invisibilisée par son don, que l’on invite dans les salons et les théâtres et à qui on fait le jouer le rôle d’un animal de foire, en lui posant sans cesse les mêmes questions. Certains parce qu’ils croient en elle, d’autres pour essayer de trouver la faille.

Et un jour, lasse de cette existence vide de sens, elle disparaît laissant derrière elle un daguerréotype et un amoureux qui lui consacre un roman : Le don de Rachel. Deux objets qui vont inspirer et nourrir les carrières artistiques de Liv et Virginia.

Par l’intermédiaire d’une mise en abyme, Anne-Caroline Pandolfo nous présente trois portraits de femmes, dans trois villes particulières et à trois époques différentes. Ainsi l’histoire de Rachel Archer formatera l’existence de ses homologues dans le futur.

Inspiré notamment par Guy De Maupassant et Virginia Woolf, le scénario nous présente Rachel comme l’archétype de la sorcière telle que l’évoque l’essayiste Mona Chollet dans son ouvrage éponyme paru en 2018. Réduite au rang de paria pour sa vision rare et alternative, elle est prisonnière de son rôle et s’en échappe en disparaissant.

Heureusement, cette partie occupe les 3/4 du roman graphique, pour le reste quel ennui ! Je suis pourtant sensible au thème de la sororité mais ici tout tombe à plat et je n’y ai vu aucun intérêt !

J’ai adoré le travail de Terkel Risbjerg qui réalise des planches aux aplats de noir intenses et fascinants. Il va droit à l’essentiel, sans s’encombrer de détails et de fioritures inutiles : sa Rachel est hypnotique et son talent est inspirant.

Pour résumer, un ouvrage qui ne m’a pas laissée indifférente même si il ne m’a pas complètement séduite.

Un grand merci aux éditions Casterman et à Babelio pour cette découverte !

2 commentaires sur “Le don de Rachel – Anne-Caroline Pandolfo & Terkel Risbjerg

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