Littérature anglaise

La sorcière de Sealsea – Philippa Gregory

Philippa Gregory est l’auteure de nombreux succès de librairie, et plusieurs de ses romans historiques ont été adaptés à la télévision. Historienne reconnue de la condition des femmes, elle est diplômée de l’université du Sussex et a soutenu sa thèse de doctorat à l’université d’Édimbourg, dont elle est l’une des administratrices Elle est docteur honoris causa de l’université de Teeside et est chargée de recherches auprès des universités du Sussex et de Cardiff. 

Angleterre, 1648. À la veille du solstice d’été, l’Angleterre est déchirée par une guerre civile entre Charles Ier et le parlement insurgé. Cette lutte fait rage partout dans le royaume, et trouble même l’île de Sealsea, où vit Alinor Reekie.

Descendante d’une famille de guérisseuses et d’accoucheuses, la jeune femme, qui a succédé à sa mère, est tous les jours confrontée à la pauvreté et aux superstitions. Son mari Zachary a fui le domicile conjugal en jurant qu’Alinor est une sorcière et que ses enfants Alys et Rob sont les fruits de ses accouplements avec le diable.

Un soir de pleine lune, elle rencontre James Summer, un noble catholique, qui a pour mission de sauver le roi. Très vite, tous deux tombent amoureux mais leur union est impossible : James est prêtre et Alinor, toujours mariée à Zachary.

Cependant l’ambition et la détermination de la jeune femme la distinguent un peu trop de ses voisins. Depuis que l’étranger vit au domaine de Sir William, leur suzerain, la bonne fortune d’Alinor fait grincer des dents.

C’est l’ère de la chasse aux sorcières et Alinor, une femme sans mari, qui connaît les plantes et qui s’extirpe soudain de la misère grâce à James, s’attire la jalousie de ses rivaux et éveille l’effroi du village…

Philippa Gregory raconte avec brio la condition féminine au XVIIè avec La sorcière de Sealsea. Une époque périlleuse pour toute femme indépendante, surtout en campagne, là où les procès en sorcellerie sont les plus nombreux.

Et lorsque vous êtes une femme seule, porteuse de connaissances et de savoirs, que vous faites montre d’une grande indépendance dans une Angleterre encore fortement ancrée dans les superstitions les plus diverses, vous avez de grandes chances d’être accusée de sorcellerie.

De tout cela il est question dans ce roman fleuve de plus de six cent pages où la trame historique est très présente avec cette guerre civile qui fait rage. Guerre qui ne m’a nullement intéressée voire ennuyée, et qui apporte quelques longueurs à ce récit. Philippa Gregory, qui est historienne, connaît manifestement très bien le sujet et nous abreuve d’un peu trop de détails à mon goût.

Si j’ai beaucoup aimé ce roman, c’est surtout parce qu’il est porté par Alinor, une femme forte et courageuse, en proie aux accusations et dans laquelle tout le monde voit une sorcière et en premier lieu son époux. J’ai eu un vrai coup de coeur pour cette jeune mère de 27 ans dont la vie est misérable.

Elle vit dans une pauvreté extrême et elle ne peut compter que sur son travail d’herboriste et d’accoucheuse pour glaner quelques pennies. Seule pour subvenir aux besoins de sa fille Alys et de son fils Rob, elle va fait preuve d’intelligence et d’une grande détermination pour se sortir de la pauvreté et pour que ses enfants accèdent à une meilleure qualité de vie.

Les villageois sont cependant suspicieux à son encontre car une femme ne peut pas vivre seule. De plus, Alinor est très belle et attise la jalousie des mégères qui craignent que leurs chers maris les délaissent à son profit. Et au fil du roman, elle se met dans des situations de plus en plus délicates jusqu’au point de non retour.

Tout au long de ma lecture, j’ai tremblé pour Alinor, redoutant les commérages, ragots et accusations faciles de Mrs Miller qui pouvaient la mener toute droit à la pendaison ou à l’ordalie.

L’autrice fait preuve d’un réel talent de conteuse et j’ai eu beaucoup de mal à lâcher cette lecture à laquelle j’avais toujours envie de revenir, pressée de retrouver Alinor et redoutant en même temps ce qui pouvait lui arriver.

Ce roman est un portrait captivant et très fort d’une femme qui se bat pour survivre dans un monde hostile. Si vous aimez les romans historiques et que vous vous intéressez à la condition féminine, je vous le recommande chaudement.

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